Coup de gueule aujourd’hui car je suis une parent d’élève catastrophée ! Le sujet est d’actualité vous me direz : on s’interroge dans les JT ou bien chez Mireille Dumas sur les méthodes aujourd’hui utilisées dans l’enseignement. Plus que les grands discours véhiculés par les médias et donc des discours forcément critiquables puisqu’ils orientent vers l’une ou l’autre thèse. Moi c’est de ma propre expérience que je me fais une idée de ce que mon enfant apprend ou n’apprend pas ! et c’est ce qu’il n’apprend pas qui me rend malade.
Je m’explique : mon enfant est en CM1 et il ne peut pas construire une phrase sans faire une faute d’orthographe. Lui demander un calcul de tête est quasiment infaisable car il ne connaît pas « par cœur » ses tables de multiplications.
Alors moi j’en ai marre des discours des instit et des bobos qui pensent qu’un enfant peut apprendre tout seul ! qu’il ne faut pas traumatiser un enfant avec les notes de dictées, avec les notes tout court ! Il faut que l’enfant apprenne à s’exprimer sur tout, sans contrainte des règles du langage écrit.
Les instituteurs aujourd’hui ne se rendent pas compte de l’impact de leur discours sur leurs élèves. Pour preuve, il y a une semaine, la maîtresse nous a invité à une réunion pour nous présenter ses méthodes de travail, ses objectifs pédagogiques avec les enfants. Au bout d’un moment, j’ai fini par demander quand elle allait commencer à faire des dictées, et réalisant l’incongruité de ma question (et oui hélas ... je sentais déjà la réponse ...) j’ai rectifié en demandant si les dictées existaient toujours ? et quand est-ce que les enfants allaient apprendre les règles d’orthographe. Mon but était d’aborder justement le sujet de l’orthographe ... Et bien je n’ai pas eu de réponse à ma question ! Enfin si, une peu convaincante : que les dictées ne seraient pas systématiques cette année car finalement, après expérience, le temps qui est passé à faire la dictée et à la corriger n’est pas justifié quand aux résultats. En effet, la peur de la note, la peur de se tromper ... et (mais là je ne fais que soulever un problème qui devient handicapant) le travail d’explication qui est demandé à l’instituteur au moment de la correction sont traumatisant !!!
Et puis c’est tellement plus dans l'air du temps de demander aux enfants de « produire » des textes eux-mêmes, les fautes d’orthographe c’est accessoire ( « c’est pas grave elle a dit la maîtresse » )c’est le fond qui compte ! Mais peut on apprendre à un enfant à courrir avant d'apprendre à marcher ?
Alors aujourd’hui dimanche, ma fille fait ses devoirs ... depuis deux jours elle me parle avec une grimace sur la figure d’un résumé à faire en histoire ... elle me présente donc son fameux résumé qui parle de Christophe Colomb, de la découverte des Amériques et de sa rencontre avec Magelland.
Trouvant le résumé un peu court, je demande à ma fille de me présenter son cahier d’histoire. J’ai cru que j’allais hurler au scandale !
Bien sûr, aujourd’hui sur les cahiers d’histoire, de géo, de sciences, de math ou de français aucune leçon n’est recopiée par l’enfant. On trouve partout des feuilles polycopiées de livres !
Et là, je tombe sur une double page d’un livre d’histoire sur la découverte des Amériques avec que du texte et je réalise alors ce qu’on demande à un enfant de 9 ans : résumer deux pages comme celles-là !!! Le résumé est un exercice déjà difficile pour un lycéen (épreuve de français au bac : dissertation ou résumé + explication de texte) alors là je suis suffoquée ! Et ça ce n’est pas traumatisant ???
La maîtresse aurait pu faire le résumé, le faire recopié et le faire apprendre tout simplement !
Je découvre que mon enfant est traumatisée ! Je lui donne des pistes pour réfléchir : se poser les fameuses questions Qui ? Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? Et ma fille se sent encore plus incapable en réalisant tout les étapes du travail qui lui est demandé. Elle se sent nulle me dit-elle, les larmes aux yeux.
Alors je ne suis pas instit, je n’ai pas à faire les leçons en plus à la maison pour apprendre à mon enfant à se corriger, à lui donner des méthodes pour apprendre et je n’ai pas non plus à payer quelqu’un en plus pour venir lui donner des leçons particulières à la maison !!
Voilà ! J’avais besoin d’exprimer tout ceci et je suis contente de disposer de ce blog pour écrire ce qui me tient à cœur. C’est ma liberté, celle que mon enfant ne trouvera jamais si adulte, elle n’a pas les moyens d’écrire et de se faire comprendre et donc d’être crédible pour elle-même et pour les autres.
Je pense que les jeunes instituteurs se sont laissés griser par les discours des vieux réac’ égoïstes qui ont oublié que l’école pour tous c’est d’abord l’école de la liberté.
Et on sait bien que dans les dictatures et dans les pays de privation de liberté le meilleur moyen de faire taire les gens c’est de ne pas leur donner les moyens ni de réfléchir ni d’aller chercher tout seul dans les livres les réponses à leurs questions intimes. Ou bien encore en ne leur donnant aucun moyen de se défendre, en les privant de la « connaissance » qui ouvre la réflexion et le bon sens.
Bon dimanche à vous
Caroline
PS : si vous saviez combien je me suis relue pour corriger des fautes d'orthographe ! Et il y en a peut être qui m'ont échappées hélàs ... pourtant j'avais à coeur de vous écrire et de vous offrir un texte agréable à lire.